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Colette BODELOT. – Sur la complémentation de l'adjectif en latin: questions de valence, d'incidence, de rection (p. 7-23) On étudiera les compléments de l'adjectif dans un traité technique, les Res rusticae de Varron. On se demandera si, sur le modèle tesniérien de la valence verbale, on peut concevoir aussi une valence de l'adjectif latin. Cette analyse dépendancielle sera confrontée à une analyse interdépendancielle et rectionnelle. Frédérique FLECK. – Les trois fautes de goût de Quintus Arrius (Catulle, 84) (p. 25-41) La lecture que nous proposons du carmen 84 de Catulle a pour but d'explorer certaines questions esthétiques liées à l'elocutio qui se posaient avec acuité aux auteurs du ier siècle avant notre ère. Il s'agissait là de points délicats à la fois pour les poètes et pour les orateurs, dont l'examen permet d'apporter une contribution à l'étude des rapports entre prose et poésie à la fin de l'époque républicaine. Nous reprenons, dans cette perspective, le dossier déjà épais concernant la prononciation intempestive d'aspirées reprochée à Arrius et celui, plus mince, qui porte sur un défaut d'élocution des sifflantes. Nous y ajoutons une proposition au sujet des hiatus qui suppose une interprétation de la pointe de l'épigramme différente des interprétations qui ont été avancées jusqu'à présent. Charles GUÉRIN. – Le silence de l'orateur romain: signe à interpréter, défaut à combattre (p. 43-74) La Rome républicaine ne valorise pas le silence dans l'espace politique, et l'orateur qui ne parvient pas à prononcer les paroles qu'on attend de lui sera toujours violemment critiqué. Cet article entend éclairer les deux modes d'interprétation du silence oratoire que les textes classiques nous ont conservés. Le premier a une valeur pratique: il fait du silence le signe d'une défaite de l'orateur face à la vérité ou, pire encore, de sa corruption. Il représente un outil polémique et argumentatif particulièrement efficace dans l'affrontement oratoire. Le second analyse le silence de l'orateur soit comme la conséquence d'une incapacité physique ou intellectuelle, soit comme le résultat d'un défaut technique à étudier d'un point de vue rhétorique. Cette analyse rhétorique des causes du silence aboutira, dans la doctrine, à la mise en place d'un ensemble de solutions permettant de combattre ce défaut, mais aussi à la formulation d'une éthique interdisant à l'orateur de rester silencieux. Jacques Jouanna. – Médecine et poésie. Reconstruction et sens des formes de la famille de πλίσσω et dans la tradition médicale et dans la poésie archaïque et classique (p. 75-102) Étude des mots de la famille de πλίσσω à partir du Corpus hippocratique où les emplois sont fréquents et insérés dans des situations concrètes. L'étude philologique, fondée sur les manuscrits et l'histoire de l'édition, montre comment les formes correctes, rarement transmises par les manuscrits, ont été reconstruites et réexamine les sens à partir de toutes les attestations et de l'histoire de leur interprétation depuis les glossateurs de l'Antiquité (Bacchéios de Tanagra, Érotien, Galien). Cette étude morphologique et sémantique dans la tradition médicale permet de réexaminer les emplois poétiques particulièrement chez Archiloque et Aristophane dont certains fragments sont transmis par le médecin Galien notamment dans sa discussion des emplois médicaux de la famille de πλίσσω. Frédéric LAMBERT. – La particule disjonctive ἤ chez Aristophane (p. 103-117) Cet article traite de la question des divers emplois de la particule disjonctive ἤ (« ou ») en grec ancien, chez le comique Aristophane. Cette particule sert à la fois de coordonnant disjonctif et d'introducteur pour le complément du comparatif. La solution défendue repose sur l'hypothèse que le grec ancien ne connaît qu'une disjonction ouverte et que ce sont les membres conjoints qui introduisent une dissymétrie conduisant à rejeter le second membre d'une disjonction. Concetta LUNA. – La philologie comme science de l'esprit: la contribution d'Alain Segonds à la critique textuelle. 2e partie (p. 119-137) La contribution philologique d'Alain Segonds à l'édition des textes astronomiques des XVIe-XVIIe siècles est constituée par ses éditions du Contra Ursum de Jean Kepler et du De revolutionibus orbium coelestium de Nicolas Copernic. La tradition de ces deux ouvrages est très différente, car le premier est un autographe inédit, tandis que le deuxième est transmis par l'autographe et par le texte imprimé (édition princeps 1543). Ivan MATIJAŠIĆ. – Su un frammento di collocazione incerta di Ellanico di Lesbo: FGrHist 4 F 192 (p. 139-147) Le fragment d'Hellanicos de Lesbos FGrHist 4 F 192, transmis par la Synagoge (Σb α 463), traite du terme ἀθάρη / ἀθήρα (« farine », « polenta »). Malgré l'étymologie controversée et incertaine de ce mot, le parallèle avec certains papyrus documentaires, avec Pline l'Ancien, Galien, Jérôme et Hésychius, permet de situer le terme ἀθήρα (sous sa forme la plus fréquente) dans un contexte égyptien. À partir de cette analyse, on se propose d'attribuer FGrHist 4 F 192 à l'œuvre ethnographique portant sur l'Égypte (Αἰγυπτιακά) d'Hellanicos de Lesbos, ajoutant ainsi un fragment supplémentaire au peu de fragments conservés de cette œuvre. F 192 peut être comparé à un autre fragment des Αἰγυπτιακά, F 56, transmis par Athénée, qui traite de questions alimentaires au sens large. Jean-Louis Perpillou. – D'un nom mycénien, et de quelques autres (p. 149-154) Les noms mycéniens ka-mo-ni-jo et ka-mi-ni-to peuvent être rapprochés de noms à initiale καµ- et καµµ- (Κάµων, Καµί / Κάµµις/ composé Κάµανδρος) par référence au substantif homérique καµµονίη récemment identifié comme terme de glorification à base *κᾰσ-µον- <*kns-mon- (de *kens- "louer"). Pierre VESPERINI. – Cicéron, Trebatius Testa, et la crux de Cic., Fam., 7, 12, 1 (p. 155-173) Une lettre de Cicéron au jeune juriste Trebatius Testa contient une crux (Fam. 7, 12, 1): après avoir appris que Trebatius s'est fait épicurien (Epicureus fieri), Cicéron lui dit qu'il ne l'approuvait pas déjà au temps où il était du même avis que †Zeius. Les conjectures proposées ont généralement cherché à remplacer ce nom par celui d'un philosophe. L'article, en resituant la lettre dans le contexte de la relation et de la correspondance entre Cicéron et Trebatius, caractérisée, entre autres, par un échange continu de plaisanteries lettrées, propose de lire Zet(h)us, nom d'un personnage de l'Antiope de Pacuvius bien connu à Rome pour son hostilité à la culture et à la philosophie. English version Colette BODELOT. – On the complementation of Latin adjectives: questions of valence, attachment and government (p. 7-23) The aim of this paper is to study the complements of adjectives in a technical treatise, the Varronian Res rusticae. We will wonder whether, in the manner of Tesnière's verbal valence, it is possible to conceive also a valence of the Latin adjective. This dependency grammar will be confronted to an analysis of interdependency and government. Frédérique FLECK. – Q. Arrius' three blunders (Catullus, 84) (p. 25-41) The aim of this paper on Catullus 84 is to cast some light on aesthetic questions related to elocutio which had prime importance for ist century B.C. authors. These were thorny questions for both poets and orators and studying them helps understanding the links between prose and poetry in the late Republican period. We reconsider, from this point of view, the well-known matter of Arrius' diction of the aspirates and the not so well-known matter of his mispronunciation of hissing sounds. We also suggest, by reading in a new way the point of the epigram, that Arrius may have had trouble with hiatus as well. Charles GUÉRIN. – When the Roman Orator Stays Silent: Interpreting Silence in Classical Oratory and Rhetoric (p. 43-74) Keeping silent in the political and public arena is seldom viewed positively in Rome during the Republic, and when unable to speak as expected, the orator is always harshly criticized. This article analyzes the two opposing ways of interpreting silence in oratorical practice, as they appear in the classical corpus. The first o...