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Sophie AUBERT-BAILLOT. – Une singularité rhétorique: la vertu stoïcienne de l'élaboration (κατασκευή) (p. 7-26) Définie comme « l'expression qui consiste à éviter la trivialité », la κατασκευή stoïcienne est une vertu du discours originale, qui semble être née dans un contexte aristotélicien, théophrastien plus exactement, où elle revêtait le sens d'« ornementation », jusqu'à ce que le Stoïcien Diogène de Babylonie lui fît subir un infléchissement en se réclamant notamment de la pensée socratique du Gorgias. Entendue dans son sens premier comme « constitution » et disposition élaborée de l'expression, elle désigne en un deuxième sens l'« entraînement ». Cette « ascèse » (παρασκευή) stylistique a pour corollaire l'idée d'« équipement », en l'occurrence d'un arsenal rhétorique destiné à favoriser une triple adaptation du discours – au thème traité, puis à l'orateur, muni des outils lui permettant de faire face à toutes les circonstances, et enfin à l'auditoire, qu'il ne faut incommoder ni par un langage relâché ni par des déficiences techniques et un manque de préparation. L'acception d'« ornementation » naît de ce passage d'une définition restrictive – le rejet de tout ἰδιωτισμός – à une élaboration stylistique envisagée de manière positive, tournée vers l'efficacité et l'agrément (au double sens d'accord et de plaisir) du public. Sophie AUBERT-BAILLOT. – A singular virtue in rhetoric: Stoic elaboration of speech (κατασκευή) (p. 7-26) Defined as "the expression which consists in avoiding triviality", Stoic κατασκευή is a stylistic virtue that is quite original. It seems to be born in an Aristotelian, or more precisely Theophrastean, context, where it meant “ornamentation”, until it was altered by the Stoic Diogenes of Babylon, himself under the influence of Socratic thought as it is developed in Plato's Gorgias. Its original meaning being “constitution”, the word κατασκευή refers to an elaborate stylistic disposition, or mode of expression. Its second meaning, “training”, is akin to stylistic ascesis (παρασκευή) and implies the idea of “equipment”, i.e. of a rhetorical arsenal designed to promote a threefold adaptation of speech – first to the topic, then to the speaker, endowed with the necessary tools to face every kind of circumstances, and finally to the audience that an orator should not bother with a loose speech or with technical deficiencies and a lack of preparation. The meaning of “ornamentation” stems from this shift between a restrictive definition (the rejection of any ἰδιωτισμός) to a stylistic elaboration thus considered positively, that is efficiency-oriented, creating both a sense of agreement and pleasure among the audience. Marie AUGIER. – Sur le sens de διακόρευσις dans un règlement du IIIe siècle après J.-C. de l'île de Rhodes (p. 27-36) Cette étude porte sur le terme διακόρευσις, qui apparaît dans un règlement de Rhodes contenant des prescriptions cathartiques (Blinkenberg, Lindos II, n° 487). L'analyse revient tout d'abord sur l'interprétation que Franciszek Sokolowski avait donnée du terme dans son Supplément de 1962 (n° 91). Il lui avait donné le sens de « viol de jeune fille » et non celui de « défloration », alors même que ce terme est un hapax dans la documentation épigraphique et qu'il apparaît dans une suite de prescriptions cathartiques peu explicites. Pour tenter de comprendre ce que pouvait signifier ce terme, l'étude s'appuie sur le contexte réglementaire dans lequel il a été employé, sur l'analyse du mot et sur les mentions du terme dans d'autres types de documents, tels que les traités de médecine ou les récits. Marie AUGIER. – On the meaning of διακόρευσις in a third century CE regulation from Rhodes (p. 27-36) This paper deals with the meaning of the word διακόρευσις in an inscription from Rhodes which contains purity regulations (Blinkenberg, Lindos II, n° 487). The analysis reconsiders first Franciszek Sokolowski's interpretation in his Supplément (1962, n° 91). In his view, the term positively refers to the rape of a girl and not to her deflowering, even though it is a hapax in epigraphic documents, occurring in a list of purity regulations which are not clear. In order to grasp the meaning of the term, this study relies on the very context of the regulation in which it is used of the word itself, and on the mentions of the term in other documents, such as medical treatises or narratives. Francesca Romana BERNO. – Avere la morte fra le mani. Nota a Sen., Epist. 51, 9 (p. 37-40) In Sen. Epist. 51, 9 (Quo die illam [sc. fortunam] intellexero plus posse, nil poterit: ego illam feram, cum in manu mors sit?), alcuni editori stampano illam, altri illa me: quest'ultima scelta mi sembra preferibile, perché intellego presuppone un ragionamento, mentre il fatto che la sorte sia più potente degli uomini è ovvio. Al termine del periodo, un punto fermo mi sembra più opportuno di un punto interrogativo: ferre fortunam in Seneca ha il senso positivo di sopportare e superare le avversità, e in manu esse allude al suicidio come forma estrema di lotta e vittoria contro la sorte. Dunque, queste proposizioni vanno intese come esplicative di quanto precede in senso affermativo, e non interrogativo o di interrogazione retorica. Francesca Romana BERNO. – Having Death at Hand: A Note to Sen. Epist. 51.9 (p. 37-40) In Sen. Epist. 51.9 (Quo die illam [sc. fortunam] intellexero plus posse, nil poterit: ego illam feram, cum in manu mors sit?), editors print either illam or illa me: illa me seems more convincing, since the verb intellego implies the result of a reasoning, while the fact that fortune is more powerful than men is obvious. At the end of the sentence, it would be better to insert a full stop rather than a question mark: ferre fortunam in Seneca means “to bear” in a positive sense, viz. “to get over misfortune”; in manu esse alludes to suicide as a supreme form of victory against fate, so the two propositions explain the previous sentence in a positive, and not in an interrogative (or rhetorically interrogative) way. Éric DIEU. – L'étymologie de l'adjectif grec θεσπέσιος (p. 41-59) L'adjectif grec θεσπέσιος, « divin, extraordinaire, merveilleux, prodigieux », repose sur un composé dont le second membre a pu être rattaché soit au groupe de ἐννέπω « raconter, annoncer, proclamer », selon l'analyse traditionnelle, soit à une racine *speh1- « engraisser; réussir, aboutir, arriver à », suivant une étymologie proposée par M. Meier-Brügger. Le présent article s'efforce de montrer, par un examen des occurrences les plus anciennes de cet adjectif dans la littérature grecque, que l'étymologie traditionnelle doit être préférée. Éric DIEU. – Zur Etymologie von griechisch θεσπέσιος (p. 41-59) Das griechische Adjektiv θεσπέσιος „göttlich, übermenschlich, gewaltig, wundervoll“ beruht auf einer Zusammenbildung von θεσ- und einem Hinterglied, das entweder mit der Sippe des Verbums ἐννέπω „ansagen, erzählen, verkünden“ verwandt ist, wie es gemeinhin angenommen wird, oder von einer idg. Wurzel *speh1- „gedeihen, sich ausdehnen; vorwärtskommen, Erfolg haben, gelingen“ stammt, wie M. Meier-Brügger es vorgeschlagen hat. Im vorliegenden Aufsatz legt eine philologische Diskussion die Annahme nahe, daß die traditionelle Hypothese wahrscheinlicher ist. Mathieu ENGERBEAUD. – La Bataille d'Ausculum (279 av. J.-C.), une défaite romaine? (p. 61-80) Les différents récits conservés de la bataille d'Ausculum (279 av. J.-C.) présentent un paradoxe. Cet affrontement, qui oppose l'alliance des Romains à celle du roi Pyrrhus, est célèbre dans l'Antiquité. Cependant, les treize sources littéraires qui mentionnent la bataille présentent des versions contradictoires de l'issue du combat. Ces témoignages racontent en effet aussi bien la victoire du roi d'Épire que celle des Romains. Malgré ces versions divergentes, la bataille est traditionnellement considérée par les historiens comme un nouveau succès de Pyrrhus contre les Romains, succédant à sa victoire d'Héraclée un an plus tôt. Cependant, une réévaluation des différentes versions de cette bataille pourrait permettre de nuancer l'idée même de défaite romaine à Ausculum. Mathieu E...