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Le tramway s'ébranla. Casimir, immobile d'abord, agita la main en signe d'adieu. Thérèse ne répondit pas. Elle ne souriait plus. Grave, lointaine, elle suivait du regard la silhouette de cet homme qui s'éloignait lentement. La neige tombait doucement à gros flocons. Les rues paraissaient désertes. Celui qui, pendant vingt ans, avait été Casimir Tobisch, disparaissait à ses yeux, comme il disparaissait de sa vie ; le père de son enfant n'était plus pour elle qu'un homme entre cent mille, qu'un inconnu dont elle ignorait le nom. Arthur Schnitzler Au soir de sa vie - il a soixante-six ans et seulement trois années à vivre encore -, Arthur Schnitzler publie Thérèse. Ce sera son dernier roman. Le plus noir, le plus désespéré, et aussi le plus désespérant. Son art littéraire est à son apogée. A travers le récit minutieux de la descente aux enfers d'une jeune femme que, logiquement, le destin aurait dû préserver, il se livre à une extraordinaire investigation des profondeurs de l'âme humaine. La vie devient comme une roue maléfique dont rien ne peut entraver l'enchaînement des tours. Thérèse ou l'irréversible vertige du malheur.