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" Le coup fut monstrueux et terrassa Paris. " (Victor Hugo.) Un choc dont la France n'est pas tout à fait remise. Ce fut, comme dans un roman d'aventures, l'opération " Rubicon ". Elle partit de l'Élysée – rive droite – pour fondre sur le Palais-Bourbon – rive gauche. En quelques heures, le président Bonaparte annihila l'Assemblée nationale : les députés de gauche comme ceux du parti de l'ordre furent également frappés. Tout le monde s'y attendait, et pourtant la plupart furent surpris. Comment le neveu de l'Empereur, réputé falot et nimbé de mystères, aurait-il osé ? Il osa pourtant faire son Brumaire à lui. Paris fut rapidement subjugué. En revanche, une partie de la paysannerie, attachée à la République démocratique et sociale, surtout dans le Centre et le Midi, opposa une résistance inattendue, parfois très vive, ce qui permit au pouvoir de se poser en sauveur de la société. Un État autoritaire prit alors en main la réorganisation d'une nation traversée de profondes fractures pour la préserver d'elle-même et ouvrir le temps des " miracles économiques ". La République, elle, n'oublia pas la violence faite alors aux institutions et en tira une leçon politique et morale, qui dure encore : rester vigilant face aux tentations autoritaires et aux menaces contre les libertés, que symbolise toujours " le 2 décembre " de Louis Bonaparte. Une démarche neuve, rigoureuse et alerte, qui inscrit l'événement dans la durée et l'appréhende dans tout l'espace national, au plus près de la population comme des principaux acteurs, à partir de sources souvent inexploitées.