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" Ce peu de verdure qui dépasse de la hotte (de cette putain de plaque en ciment qui nous bouche la vue, des fois que la vue du dehors nous donnerait des idées), ces arbres, là-bas, ont l'air tout près, cent cinquante, deux cents mètres au pire, et pourtant entre eux et moi il y a à peu près la même distance qu'entre la terre et la lune. On dirait qu'il y a quelques minutes à pied. En fait, pour y arriver, il y a au mieux dix ans. Encore dix ans à tirer, à condition que je me conduise bien. C'est ce qu'il faut compter quand on a pris perpète, qu'on a fait cent huit mois de taule et tenté plusieurs fois de s'évader... Dix ans, ça fait quelques heures à attendre. Pas des heures creuses, mais des pleines. Des heures bien remplies, bourrées de secondes. Les heures, ici, c'est 3 600 secondes plus 3 600 secondes... Dehors, ils comptent les jours, les semaines. Ici on compte les secondes. Des fois, je les entends tomber... " Descente dans l'enfer du quotidien carcéral (celui d'un petit malfrat qui a pris perpète), ce récit développe, par la même occasion, une réflexion sur le temps, sur la liberté, sur la détention - sur cette mort lente qu'est la prison à vie. C'est aussi la métaphore de toute existence puisque, en un sens, nous sommes tous des prisonniers.