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Depuis que les sociologues ont adopté la notion de «charisme», on est souvent tenté d'oublier les origines théologiques du mot, et de la relation qu'il évoque. Et d'oublier aussi le genre singulier d'allégeance et d'obédience qu'il désigne depuis les commencements de l'époque totalitaire et de la manipulation idolâtrique des émotions religieuses et esthétiques. Partant du cas particulier de l'Allemagne des années 1920-1930, on a donc cherché à décrire ce moment et ses conséquences sur l'économie du pouvoir absolu en ces temps de guerres et de révolutions en chaîne. Le charisme y passe en effet par des dispositifs différents, selon qu'un homme de guerre, un homme de lettres ou un homme de foi en prend l'initiative. Si les passions charismatiques concourent toutes à l'instauration de religions politiques, elles n'en respectent pas moins la différence première de ces trois ordres. Pour décrire cette constellation tripartite des pouvoirs du guerrier, du poète et du penseur, on s'est donc penché sur trois cas de figure et sur leurs trajets dans la révolution conservatrice allemande : Ernst Kantorowicz, le disciple de Stefan George; Martin Heidegger, lecteur de Hölderlin ; Joseph Goebbels, avant le passage au national-socialisme. Lit démarche est celle de l'enquête historique, mais la question posée est philosophique : la domination charismatique répond à une demande de servitude. Cette demande a-t-elle un avenir ?