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Le 23 octobre 1956, le sang coule à Budapest. Un peuple de 10 millions d'habitants en défie un autre de 220 millions qui possède la plus forte armée du monde : l'URSS, le pays aux cent divisions. Armés de «cocktails Molotov», étudiants, ouvriers, femmes et tout jeunes enfants, affrontent les chars de l'Armée rouge. Au prix d'un héroïsme inouï, qui bouleverse les correspondants de presse du monde entier, ils en détruisent plusieurs centaines. La révolution hongroise qui s'est poursuivie en résistance passive aux conséquences inhumaines pour la population, a fait des milliers de morts et de blessés et poussé 200 000 Hongrois à l'exode. Elle a aussi provoqué en Occident une crise de conscience qui a ouvert les yeux à plus d'un admirateur de la «grande lueur à l'Est». Cette autre révolution d'Octobre, fondée sur le retour de la nation, ruinait l'aura de la « mère des révolutions » porteuse du rêve policier et sanglant de l'internationalisme prolétarien. À cette insurrection, il n'aura manqué ni la trahison la plus vile (qui a laissé une tache sur l'honneur de la légendaire armée rouge), ni l'obscure manoeuvre des États-Unis d'Amérique qui, derrière le paravent de l'indignation, ont délibérément instrumentalisé cette tragédie, via l'ONU, pour en faire le test de leur volonté de coexistence pacifique. Fondé sur les archives soviétiques et américaines et les recherches les plus récentes, cet ouvrage dévoile les multiples aspects de cette «Révolution antitotalitaire», qui sonnait en réalité le glas de l'empire soviétique et du communisme. Il y a des défaites plus prometteuses que des victoires.