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Dans la France occupée, la musique est un outil essentiel de l’ambitieux dispositif culturel allemand. L’Allemagne ne se proclame-t-elle pas le pays de la musique, « Deutschland, das Land der Musik » ? Pour les vainqueurs, il ne fait aucun doute que la musique française doit s’incliner devant le génie allemand. Durant quatre ans, une frénésie de musique s’empare alors de la population : théâtres bondés pour acclamer les grands solistes germaniques, mondanités franco-allemandes autour des concerts de prestige au service de la collaboration, artistes de renom offrant leur talent au poste allemand Radio-Paris... Qu’est-ce donc alors qu’être musicien en situation d’occupation ? Est-ce que jouer engage ? Peut-on parler d’une musique « collaboratrice », ou « résistante » ? Comment la scène musicale a-t-elle réagi à l’exclusion de ses artistes juifs, à la collaboration de ses plus éminents compositeurs et interprètes ? Quelle a été, enfin, la réalité et la portée de son épuration ? Karine Le Bail signe la première grande étude sur cette mise au pas de la musique sous l’Occupation, et dévoile, à partir d’archives inédites tant françaises qu’allemandes, un pan méconnu de la vie culturelle des années noires.