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C'est un lieu commun que les relais médiatiques et les commentateurs pressés manient encore avec gourmandise : la guerre dite d'Algérie aurait été une « guerre sans nom ». Dès l'origine, ce conflit a mobilisé des termes très divers visant à masquer la guerre derrière une prétendue « affaire intérieure » : dire ou écrire « événements », « pacification », « maintien de l'ordre », « opérations de police », ce n'est pas la même chose que de dire ou écrire « révolution », « guerre d'indépendance », « guerre de libération ». Pour chacune de ces options verbales, quels locuteurs, quand, où, pourquoi ? Quelle valeur d'usage ? Les textes rassemblés ici émanent d'universitaires, d'intellectuels, d'artistes : Étienne Balibar, Mathieu Belezi, Slimane Benaïssa, Messaoud Benyoucef, Catherine Brun, Jean Daniel, Daho Djerbal, Fatima Gallaire, Jeanyves Guérin, Jacques Guilhaumou, Pierre Guyotat, Julien Hage, Daniel Lançon, Francine Mazière, Gilbert Meynier, Edgar Morin, Bernard Noël, Nathalie Quintane, Régine Robin, Todd Shepard, Pierre Vermeren. Ils s'attachent à penser la charge souvent brutale, toujours vive, de termes dévoyés, de silences subis, d'abus de langage. Ils manifestent la diversité et la concurrence de désignations irréductibles et irréconciliables. Ils dénoncent les unanimismes de façade. Ils récusent les réductions et les simplifications consensuelles. Ils lient cette histoire et notre présent.