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Cette forme particulière du crime organisé qu'est la mafia revêt une spécificité : elle infiltre l'économie légale, recherchant ainsi moins le profit que le pouvoir et le contrôle de la sphère politique. Cette infiltration est loin d'être anecdotique : pour la seule Italie, on estime le chiffre d'affaires des mafias à 135 milliards d'euros, dont 25 milliards pour les activités entrepreneuriales légales et 16 milliards pour le trafic des déchets, pour un bénéfice net proche des 70 milliards d'euros. Sur ce sujet, les économistes sont bien silencieux, car le modèle dominant est incapable de percevoir les caractéristiques du système mafieux. La supposée frontière entre activités légales et illégales, qui suppose une homogénéité de chacune de ces sphères économiques, n'est pas valable en l'espèce. Il faut tenir compte des plaintes formulées par les entrepreneurs en activité sur des terres mafieuses, du travail des forces de l'ordre et des sentences de procès antimafia. Il est indispensable, pour comprendre le fonctionnement économique de la mafia, et donc pour pouvoir envisager des formes de luttes efficaces, de développer un cadre alternatif. Clotilde Champeyrache propose ainsi une approche institutionnaliste, intégrant économie du crime et économie du droit, d'un point de vue dynamique et évolutionnaire, indispensable pour comprendre comment le pouvoir mafieux se construit dans le temps.