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Les représentations sexuelles obsèdent les discours et les figurations de la guerre dite " d'Algérie " côté français, " de libération nationale " côté algérien. Au-delà de la sexualisation attachée à tout épisode belliqueux, l'équipe réunie par Catherine Brun interroge cette omniprésence du sexe dans les représentations de la guerre d'Algérie. Si des travaux existent, qui ont tenté de dire la réalité des exactions, et plus particulièrement de la torture et des viols, peu prennent pour objet la sexualisation du conflit, qu'il s'agisse de féminiser l'ennemi ou de surviriliser le pouvoir. Viols (des femmes comme des hommes), émasculations, bâtardises, exacerbations viriles, tortures ciblées, outrages sexuels des cadavres, commerces des corps ont fait partie du quotidien de cette guerre. Ils méritent d'être recontextualisés, entre la stigmatisation de " l'impulsivité criminelle chez l'indigène algérien ", caractéristique de la psychiatrie coloniale de l'École d'Alger, qui construit la figure de sauvages amoraux, primitifs et violents, et le fantasme de " l'invasion arabe ". Les travaux présentés ici par des historiens, anthropologues, sociologues ou psychanalystes, et entrecoupés d'ouvres littéraires évoquant ces violences, s'attachent à comprendre la récurrence obsessionnelle du sexe dans ce conflit.