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La xénogreffe peut-elle vraiment constituer une solution face à la pénurie du don d'organes ? Est-il éthiquement possible de considérer les animaux comme un réservoir infini d'organes pour l'espèce humaine ? Ces pratiques ne vont-elles pas durablement brouiller les frontières entre espèces ? 1910, Paris : greffe de testicules de grands singes sur des hommes pour revitaliser la société.1963, Louisiane : transplantation d'un rein de chimpanzé chez un patient afro-américain faute de dialyse possible.1984, Californie : greffe d'un cœur de babouin chez un nouveau-né de 10 jours souffrant d'une anomalie congénitale. Dans ces trois cas, les expérimentations de xénogreffes se sont soldées par des échecs. Ce geste chirurgical et thérapeutique, non content d'apparaître bien souvent comme inefficace, soulève par ailleurs un certain nombre d'interrogations : peut-on sous prétexte de soigner, mélanger à ce point humains et animaux ? La xénogreffe peut-elle vraiment constituer une solution face à la pénurie d'organes humains ? Les animaux peuvent-ils être considérés comme des réservoirs d'organes ?Revenant sur la pratique des chirurgiens-expérimentateurs tout au long du XXe siècle, Catherine Rémy essaie ainsi de comprendre leurs motivations : cherchent-ils seulement à soigner, ou bien à régénérer voire à transformer l'espèce humaine ?Les échecs successifs, réactions et résistances que la xénogreffe a suscités expliquent pourquoi elle continue d'inquiéter aujourd'hui.À travers une double enquête – historique et ethnographique, au sein d'un laboratoire expérimental toujours actif – Catherine Rémy nous introduit à cette pratique, promise à un bel avenir, et à ses praticiens.