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Quand vient le moment de traiter les violences du passé, les gouvernants – qu'ils en aient été les instigateurs ou légataires – marquent leur préférence pour l'évitement de la confrontation judiciaire ou pour l'amnistie. Au Maghreb, ces formes de justice post-conflit, combinées à des indemnisations financières, sont perçues par les victimes comme un solde de tous comptes, un simple " prix du sang ", alors qu'elles recherchent l'attestation de leur perte et la reconnaissance de leur douleur.En dépit des multiples arsenaux juridiques qui interdisent l'évocation du passé ou sa mise en cause judiciaire, des groupes de victimes et leurs familles trouvent dans la justice transitionnelle des ressources pour faire entendre leur voix et rendre publique leur souffrance. Les recompositions socio-politiques à l'œuvre après les soulèvements arabes ont vu fleurir des procédures – auditions, procès, jugements et/ou accords politiques – pour examiner et tenter de solder ces violences. L'analyse des usages de la justice transitionnelle révèle son ambiguïté : centrée sur les individus dont elle prétend rétablir les droits et réparer les torts subis, elle est aussi le moyen de délimiter, encadrer et organiser les confrontations avec le passé.Appuyée sur une connaissance intime de différents terrains (Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie ou Liban), les contributions de ce numéro interrogent la façon dont les régimes de la région se positionnent ou font avec cette " bonne " manière de traiter les passés violents. Les articles réunis analysent aussi la manière dont les opposants et leurs soutiens internationaux se saisissent de la justice transitionnelle dans leurs compétitions et luttes politiques.