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Au cours du règne de Louis XIV, émerge une «histoire critique», histoire du présent ou du passé le plus récent, qui s'affranchit totalement de l'histoire officielle pour juger et critiquer la politique du roi à l'aune de celle des autres princes de l'Europe. Littérature de dissidence, cohérente et très réactive, publiée généralement dans les Provinces-Unies et relayée par les gazettes, elle se fait d'abord diplomaticopolitique (Lisola et ses suiveurs), puis théologico-politique (liée à la Révocation et à la question de la tolérance), enfin centrée sur la politique intérieure du royaume, en lien à la fois avec la critique aristocratique et l'économie politique naissante. L'opposition culmine dans les petits romans historico-burlesques des années 1690, attaquant directement le roi et son entourage, points de convergence de cette «crise de l'histoire» et d'une «crise du roman» qui fait évoluer l'histoire galante vers des formes satiriques jusque là inexplorées. La Régence, libérant un temps les discours de contestation, parvient à récupérer, amortir ou disséminer la virulence des critiques. Et si la veine pamphlétaire cesse d'être diplomatico-politique (la paix) ou juridicopolitique (on ne remet plus en cause la monarchie absolue), elle réinvestit du coup la sphère politico-religieuse : les interminables controverses qu'occasionnent la bulle Unigenitus et ses suites jouent un rôle moteur dans le processus de politisation de l'opinion.