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Résumé : L’analyse du cas burkinabè édifie sur le fait que la question de la réconciliation ne saurait se résoudre sur la base de l’implémentation de réussites de diptyque ou de triptyque importé d’ailleurs. D’abord, il a un fort lien avec les turpitudes du passé colonial que certaines populations ou certaines classes sociales n’ont pas encore effacé de leur mémoire. Dans l’espoir de pouvoir retrouver des privilèges passés ou reconquérir des espaces d’autonomie pour affirmer une identité authentique, que le colon leur a arrachée de force, ils semblent toujours nostalgiques de la valeur des cartes qui pourraient leur permettre de mettre fin à un mariage forcé où il n’existait en apparence nul atome crochu. Ensuite, la question de la réconciliation est à mettre en relief avec la gestion qui a été faite de l’alliance forcée imposée par le colon. Sur cet aspect, beaucoup de choses peuvent être dites. Mais, à l’analyse, il ressort que la longue période d’exception additionnée à celle du règne autocratique de Blaise Compaoré a réussi à masquer bien de choses que l’accroissement des libertés à partir de 2014 a mises en lumière. Enfin, ces prédispositions à la fracture et ces insuffisances ont connu une aggravation avec la gestion chaotique des affaires publiques qu’a connue le pays. Celle-ci a en effet créé des catégories de citoyens qui, pour ceux ayant eu la chance de ne pas être des victimes directes ou collatérales de la mauvaise distribution des services publics, se sont sentis délaissés par l’État au point de nourrir un sentiment de révolte contre lui. Une réconciliation à caractère national doit en tenir compte au risque de n’être que temporaire.