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Baudelaire critique d'art est indissociable du poète. Ses écrits esthétiques occupent dans son oeuvre une place entière, centrale, où s'élaborent son sens de l'idéal et sa passion pour l'image. Qu'ils soient ancrés dans l'actualité - comptes- rendus des Salons de 1845, 1846, et 1859, et de l'Exposition universelle de 1855 - ou à portée plus générale - De l'essence du rire, Le peintre de la vie moderne -, ces essais sur la littérature et les beaux arts arborent une cohérence profonde et esquissent les engagements d'un poète prêt à battre l'ennui par l'enivrement esthétique. Parmi ceux-ci, l'Art romantique tient une place particulière. "Le romantisme, déclare Baudelaire, est une grâce, céleste ou infernale, à qui nous devons des stigmates éternels". Ces stigmates sont manifestes dans l'oeuvre de beaucoup des écrivains étudiés par Baudelaire tout au long de ses vingt années de critique militante. Critique militante, en effet, et la part de polémique y est grande. Critique d'actualité aussi, car c'est à propos de ses contemporains que se manifeste surtout le coup d'oeil lucide et prophétique du poète. Son analyse, toujours pénétrante et pleine de verve, parvient à saisir l'importance durable des oeuvres de Wagner, de Flaubert, de Hugo et de Gautier, entre autres artistes. Si la valeur d'un critique repose sur son flair, sur son discernement, pour tout dire, sur son jugement, alors Baudelaire critique n'a pas d'égal au XIXe siècle.