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« La plupart des étrangers qui viennent à Montpellier goûter la douceur du climat, ou consulter l'oracle célèbre d'Esculape, sont des habitants du Nord de la France, ou plus encore des contrées septentrionales du reste de l'Europe. J'ai pensé que dans les promenades auxquelles les invitent nos beaux jours, et que leur ordonnent, souvent même, les prêtres du Dieu auquel ils portent leurs riches offrandes, ils pourraient trouver quelque intérêt à connaître et à remarquer les plantes étrangères à leur froide patrie ; j'ai donc tâché, dans cet Essai, de tracer une esquisse de notre végétation, en la considérant d'une manière particulière, relativement à la région botanique dont le territoire de Montpellier fait partie ; c'est-à-dire, celle que les botanistes désignent sous le nom de région méditerranéenne, et qui comprend tout le bassin géographique de la Méditerranée. J'ai voulu qu'en parcourant nos champs, mais surtout nos terrains arides et incultes, ces garrigues, que Flore cède tous les jours, mais avec regret, aux Dieux de l'agriculture, l'étranger, à la vue d'une plante de la Judée, de la Grèce, de l'Italie, pût se rappeler et cette terre que la foi de nos pères nous rend sacrée, et ces nobles contrées dont les peintures immortelles font le charme des esprits cultivés de toutes les nations. Dans un avis placé en tête de ma première édition, j'ai dit avec vérité que je m'étais rigoureusement abstenu, relativement à la composition de cet Opuscule, de recourir aux lumières des savants botanistes que Montpellier renferme. Il n'en est pas tout-à-fait de même quant à cette édition. Je dois à l'obligeance de M. Delille, digne successeur de tant de botanistes illustres dans la direction du jardin des plantes de Montpellier, la correction d'un bon nombre d'erreurs que renfermait ma première édition ; et l'unique motif qui me porte à donner cette deuxième, est l'idée de pouvoir offrir, moins au public que je me flatte peu d'occuper, qu'à quelques amis, un ouvrage qui, purgé de ces erreurs, en deviendra peut-être moins indigne d'eux. Quant à la nomenclature que ceux même qu'on peut à bon droit qualifier de botanistes, ont quelque peine à suivre dans ses vicissitudes et révolutions journalières, je prie d'observer que j'ai voulu seulement faire connaître les plantes dont je parle, et n'ai point scrupuleusement cherché à les désigner par le nom qui, dans les progrès de la science, a pu être substitué à l'ancien nom linnéen, lequel j'emploie généralement, en y joignant cependant quelquefois, lorsque je les ai connues, les dénominations plus modernes. J'avertirai aussi que quelques plantes, quoique justement regardées comme plantes du Midi, peuvent se trouver quelquefois sous des latitudes plus avancées vers le Nord, et hors des limites que les botanistes ont assignées à notre région méditerranéenne. La nature échappe à nos lois, et l'on ne s'attend pas sans doute à trouver, dans ces sortes de limites, la rigoureuse exactitude des limites politiques ; aussi a-t-on remarqué, selon M. de Candolle, “que quelques plantes du Midi s'échappent au travers des gorges des Alpes ou des Cévennes, et se trouvent sur le revers septentrional de ces deux chaînes, etc.” Ces végétaux transfuges s'avancent jusqu'aux environs de Lyon, et suivant un mémoire sur le mûrier blanc, présenté à la Société d'agriculture de cette ville par M. de Martinel, on trouve dans les campagnes qui l'entourent, végétant avec vigueur, le centaurea-conifera, le cistus guttatus, l'aphyllantes monspeliensis, le tribulus terrestris, le lavandula spica, et tant d'autres plantes qu'on avait cru réservées aux climats heureux du Languedoc et de la Provence. On remarque des aberrations bien plus extraordinaires, relativement à l'habitation de certaines plantes. Ainsi, notre arbousier croît sur les côtes de l'Irlande, où la température est adoucie par le voisinage de la mer. Ossian a pu chanter sous son ombre, comme Virgile ou Homère. Ainsi (qui le croirait !) on peut retrouver, jusque dans des contrées dont le nom ne réveille que l'idée de frimas éternels, quelque image de la végétation de notre douce Occitanie. “La camphrée de Montpellier, dit Pallas, Voyage en Sibérie, croît en abondance sur les bords des marais près la rivière d'Irtisch en Sibérie, latitude 55, et plusieurs autres plantes indigènes dans les pays méridionaux de la France, se trouvent dans les environs de Krasnoiarsk, où le froid est quelquefois si violent, que le mercure s'y congèle et devient une masse solide. ” » Beautés méridionales de la flore de Montpellier, par un ancien herboriste de cette ville (C. de Belleval) Date de l'édition originale : 1829 Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF. 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