EAN13
9782330022655
Éditeur
Actes Sud
Date de publication
17 août 2013
Collection
Domaine français
Nombre de pages
368
Dimensions
21,7 x 11,5 cm
Poids
348 g
Langue
fre
Langue originale
fre

Danse Noire

Nancy Huston

Actes Sud

Prix public : 21,00 €

Sur un lit d’hôpital, Milo s’éteint lentement. À son chevet le réalisateur new-yorkais Paul Schwarz rêve d’un ultime projet commun : un film qu’ils écriraient ensemble à partir de l’incroyable parcours de Milo. En s’attachant à ce destin issu d’un passé aussi singulier qu’universel, en s’arrêtant sur les origines de Milo dans un premier temps effacées puis peu à peu recomposées, ce film serait le reflet éclatant de trois lignes de vie ayant traversé le siècle en incarnant ses décennies de joies et de larmes, d’espoirs et de résistance, d’exode, d’exils et de fureur. Sur son lit d’hôpital, porté par l’enthousiasme de Paul, son dernier amour, Milo revoit le visage des deux grands protagonistes de son histoire. Tout d’abord Neil Kerrigan, son grand-père, un émigré irlandais ayant fui son pays en 1914. Neil, qui n’avait que vingt-deux ans, rêvait alors de devenir écrivain comme l’était déjà son ami Joyce. Mais en abordant les difficultés de l’exil, en laissant à jamais derrière lui son territoire originel, Neil perdit la poésie de sa langue au profit d’une mélancolie qui jamais plus ne fit le lit d’une œuvre littéraire. Comme dans un rêve et bien qu’abandonné tout enfant, Milo entend la voix de sa propre mère, une indienne Crie prostituée à Montréal, qui fit l’erreur – est-ce une erreur ? – de s’attacher à un homme, un client bien incapable de l’aider à vivre autrement. Mais à ces deux personnages, Milo va ajouter un pays et surtout une musique. Après l’Irlande et le Canada, Milo revit le Brésil et plus particulièrement sa passion, sa découverte de la capoeira, le rythme des Indiens si longtemps interdit par les autorités, la Danse noire qui dans son corps s’imposa d’emblée tel un héritage. Une empreinte, une mémoire chevillée au corps. Ainsi s’éploie et se déploie à travers ce roman un siècle de voix, d’amours et de pertes, de deuils et d’exils dans toutes les langues du Nouveau Monde. Un siècle de déplacements, de guerres et de renoncements, à travers lequel se débat puis se dessine une famille, une lignée mais surtout un destin, celui de Milo. Malgré tous les trous noirs de sa vie, malgré la solitude abyssale et bruyante qui l’habite, il atteint une indépendance particulière : celle des résistants, celle des survivants, celle des exilés dont l’imaginaire habité de métissages est parfois territoire de créativité. Ainsi Milo gamin perdu, mal aimé-mal traité, est-il devenu scénariste, homme d’histoires et d’images dont la poésie est un ultime hommage à l’ancêtre ayant laissé son âme dans une ville irlandaise. Un roman habité par le bruissement des langues, celui des origines qui façonne nos pensées, nos idées comme nos destins. Ces langues que nous habitons dès notre naissance et qui, remplacées par celles de l’exil nous replongent dans l’immaturité, la dépendance, la vulnérabilité de l’enfance. Difficile pour tous, désastreux pour les écrivains, l’exilé de sa langue perd ainsi à jamais une part de son être. Ce livre est la voix de ces âmes perdues dans la tourmente du vingtième siècle, temps de guerres et de violences où des milliers d’individus ont ainsi déchiré leur vie pour la porter au loin. Ou la laisser derrière eux à jamais. Passant d’une langue à l’autre, Danse Noire conjugue avec virtuosité la polyphonie souvent douloureuse du continent américain à celle de l’abandon creusant dans l’enfance le sillon d’une mémoire bâillonnée. Un roman magnifique, une photographie panoramique de l’identité humaine que le lecteur ne pourra percevoir en pleine lumière qu’à la toute fin de l’histoire. Film ou roman, roman d’un film, ce livre est l’œuvre totale, libre et accomplie d’une romancière au sommet de son art.
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