Prix public : 20,00 €
Obsédée par le rêve d’une maison qui la hante, une jeune femme qui fait visiter des appartements à Paris est témoin de la mystérieuse disparition d’un enfant. Trouvera-t-elle dans son rêve la clé de l’énigme du réel ? Des ruines du Parc Monceau à la lande galloise, entre les malédictions du passé et les divers déguisements de la vérité, Lady Hunt réinvente le roman gothique anglais et toutes les nuances du sortilège. Au pied d’un immeuble haussmannien de la plaine Monceau, une jeune femme rousse attend un rendez-vous, enveloppée dans un vieil imper Burberry trop large, hérité de son père. Agent immobilier serait un bien grand mot. “Depuis mes premières visites, jamais aucun client ne m’a identifiée. J’ai beau arpenter, dossier dans une main, cigarette dans l’autre, le porche où nous avons rendez-vous, le client me demande souvent du feu avant de s’éloigner pour me téléphoner, inquiet du retard de la négociatrice qui se tient en face de lui.” C’est parce qu’elle parle anglais que le Patron a choisi Laura Kern (majoritaires sont les Américains qui convoitent les appartements type cheminées-moulures-parquets du quartier), et Laura Kern a “choisi” le Patron pour son autorité douce. Sa vie professionnelle ressemble moins à une carrière qu’à un effet secondaire. Hantée par une maison qui la tourmente en rêve, elle partage avec l’homme qui l’emploie des parenthèses clandestines en forme de jeu de l’oie amoureux. Mais c’est avec le passé d’une famille fondée entre deux landes – le pays de Galles et la Bretagne – qu’elle entretient les liens les plus étroits, les plus profonds, les plus toxiques aussi. Pourtant quand, subrepticement mais obstinément, la réalité se dérobe, quand son rêve envahit ses jours et que les malédictions anciennes resurgissent, sous la menace d’un mal imprécis mais fatal – la très mystérieuse Chorée de Huntington, qui se transmet de père en filles – et contre les assauts répétés de l’étrange, Laura tente par tous les moyens d’opposer un front ferme à l’invasion de l’irrationnel. Et dans ce combat décisif, elle a pour armes un poème, une pierre noire, une chanson… et comme antidote, la puissance conjuratoire du souvenir. Lady Hunt évoque les expériences de lecture que nous ont offertes les sœurs Brontë, Daphné du Maurier ou Mary Webb. Hélène Frappat y exerce une liberté narrative et une ampleur romanesque nouvelles, sans rien perdre de l’intelligence aiguë, de la déconstruction légère, du mystère inspiré qui ont fait le sel de ses textes précédents. L’auteur tutoie ici le fantastique avec une délicatesse vaporeuse, flirte avec l’horrifique en soudaine prêtresse du genre, sans jamais céder sur le terrain de la poésie, de l’intime exploration des âmes ou des sortilèges. Son roman lui-même agit comme un sort qui envoûte et enveloppe le lecteur dans une brume aussi délicieuse qu’inquiétante, réinventant des plaisirs d’abandon trop rares.