Prix public : 23,00 €
Ce qui se passe en Syrie depuis le soulèvement de 2011 est d'une telle démesure qu'assimiler cette réalité de cauchemar semble à présent impossible. Inévitable est la tentation de la faire tomber dans les oubliettes de l'histoire où semble à présent la précipiter une autre guerre avec sa cohorte d'atrocités. Or ce seul enchaînement Syrie-Ukraine montre que ce qui s'est passé en Syrie ne concerne pas seulement les Syriens : la politique d'anéantissement de Bachar al-Assad touche à un illimité qui a atteint notre monde et devrait le réveiller dans ses ressorts vitaux.
La question du monde entête les Syriens, qui ont porté cette histoire. Elle les hante sous forme à la fois d'une colère radicale et d'une attente tout aussi radicale. De quelle croyance au monde nous parle le désespoir des Syriens ? Que signifie leur mal de monde ? Quel rôle y jouent la littérature et l'art ? Ce livre pose des questions anti-nihilistes à un monde défait en lisant un choix d'oeuvres où se laissent reconnaître certains actes : acte de témoigner, d'écrire, d'échanger, de penser ; acte d'imaginer, de résister. Leur force vit d'une poétique singulière où, dans la figure d'un monde fracassé, s'entrevoit l'irrésistible naissance d'un autre. Leurs auteurs s'appellent Samira al-Khalil, Yassin al- Haj Saleh, Khaled Khalifa, Samar Yazbek, Faraj Bayrakdar, Moustafa Khalifé. Chacun s'y affronte à un monstre ici nommé nihilisme. Chacun traverse un désert. "Le monde, disait Hannah Arendt, est toujours un désert qui a besoin de ceux qui commencent pour pouvoir à nouveau être recommencé." Les Syriens sont aujourd'hui "ceux qui commencent". À partir du désert.