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Emil Cioran a choisi très tôt de s’exprimer par bribes, par sentences, par fragments : en un mot par aphorismes, affirmant en cela que sa pensée était déjà « brisée » et qu’il voulait ainsi la « pulvériser ». Mais lorsqu’il affirme « qu’il n’est que le secrétaire de ses pensées », on comprend mieux son désir inconscient de déconstruction de sa pensée globale, et, à la différence de Nietzsche, qui affirmait que « qui écrit en sentence, ne veut pas être lu, mais appris par cœur », Cioran voyait dans l’aphorisme « le triomphe d’un moi désagrégé ». Les aphorismes de Cioran sont d’une haute élévation de pensée, ils sont un travail de sculpteur de phrases, d’orfèvre des mots. Roger Judrin, autre orfèvre de l’aphorisme, parlait à cet égard de « nécessité amoureuse ».