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Céline fut « contre » Proust comme celui-ci fut « contre Sainte-Beuve », pour le meilleur et pour le pire. Pour le pire, lorsque la haine contre cet aîné, en tout différent, le conduit à recycler les stéréotypes antisémites et homophobes de son époque. Pour le meilleur, quand l’obsession proustienne dynamise la réflexion de Céline sur la littérature et lui permet de mettre au point un projet littéraire nouveau. Montrer en quoi la haine de Proust fut nécessaire à Céline conduit à retourner à ce qu’il dit de Proust, à contextualiser ses propos, à en déplier les enjeux, pour constater la partialité globale de sa lecture et ses aperçus critiques parfois lumineux. Des allusions, directes ou indirectes, des détails en forme de clin d’œil au sein des textes nourrissent ce « dialogue haineux ». Il réside surtout dans la reprise, systématiquement contradictoire, de motifs ou de thèmes proustiens afin d’en manifester, par la dérision, l’inanité ou l’obsolescence. Pour Céline, il s’agit d’en finir avec Proust, sans y parvenir, pour continuer à essayer d’en finir donc d’écrire.