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Printemps 2020. Confinement, enfermement, c'est-à-dire rupture avec une certaine habitude du monde, éloignement, impossibilité d'aller, exil temporaire... Outre l'aspect purement juridique de ce retrait du droit qui n'est pas mon propos, reste le sentiment de profonde injustice, même si ces dispositions peuvent se justifier par des raisons évidentes de santé publique. Je me suis attaché cependant à l'aspect moral de cette privation de liberté. Et c'est ce sentiment d'arbitraire, cette rage que j'ai traités dans ce recueil ; je n'ai pas choisi, c'est tout naturellement que la douleur de l'exil a fait irruption dans ces pages parfois un tant soit peu coléreuses. Mais aussi, comment accuser le hasard, cette part d'impondérable que les Grecs appelaient le Destin ? Alors à qui dois-je cet exil ? Je dis « exil », car j'ai été tenu éloigné du pays merveilleux où j'ai tant d'amis et de souvenirs, où je connais ce sentiment de plénitude que donnent cette sensation profonde de liberté, cette promiscuité heureuse du cur, l'aisance et la légèreté du geste, et même une certaine désinvolture à l'égard de l'Autorité. Cette « injustice » étant insupportable, je lui ai donné une forme acceptable que je dédie à la Grèce.