Prix public : 18,00 €
Pour fêter sa majorité (dix-huit ans déjà !), met en lumière le travail des mineurs, qui ont tiré argent, cuivre, sel ou fer des veines des massifs, forgeant, chemin faisant, cultures et paysages. Ici, c’est une corde large comme le bras, capable de soulever une tonne, qui est découverte dans un boyau. Là, une protection pour les mains. Toutes deux datent de l’âge du bronze. Plus vieux encore, puisque remontant au Néolithique, ce pic en bois de cervidé. Depuis sept mille ans, les mines de sel d’Hallstatt en Autriche sont exploitées. Les richesses retrouvées sur le site sont telles que le nom d’Hallstatt a été choisi pour désigner la première culture de l’âge du fer. En marche depuis la préhistoire, les extractions de minerais dans l’arc alpin ont connu des fortunes diverses. Du Moyen-Âge au siècle des Lumières, le massif est un des principaux creusets en Europe, le Tyrol notamment. On y compte au XVIe siècle plus de cinquante mille mineurs, dont le savoir-faire est décrit en enluminures dans le une mine de beauté et d’informations. Les Alpes françaises ne sont pas en reste. Du XIIe au XIVe siècle, on extrait par exemple de l’argent des mines de Brandes, à plus de 1 800 mètres d’altitude, près de l’Alpe d’Huez, pour le compte du dauphin, qui financera ainsi l’élévation de l’église Saint-André de Grenoble… On le sait peu, mais la prestigieuse école parisienne des mines a des origines alpines puisque au début du XIXe siècle, durant le Premier Empire, c’est à Peisey en Savoie, près de filons de plomb argentifère, qu’elle est installée. Derrière l’exploitation de ces mines, il y a des hommes bien sûr. Tel Ignaz Rojacher (1844-1891), cet Autrichien génial, fils de paysan, qui prendra la direction d’une mine d’or dans le land de Salzbourg. À l’affût de tout progrès technologique, il apporte le téléphone et l’électricité dans cette vallée reculée de Rauris, alors que dans le château de Schönbrunn, on dînait encore aux chandelles. Autre talent, celui de Robert Ibanez, un mineur-sculpteur matheysin (né en 1931), souvent comparé au facteur Cheval, dont les œuvres façonnées à partir de morceaux de ferraille, de bois, sont autant de cris, d’échos à sa vie dans les houillères et aux combats sociaux qui s' y sont parfois si âprement déroulés. Ce numéro de ne pouvait se refermer sur le seul massif alpin. Il montre aussi en images, à travers le travail photographique de Charles Delcourt, ces « » que forment les terrils du bassin minier lensois dans le Pas-de-Calais. Une alpe d' ailleurs…