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Sous la Ve République, l’unification de l’École, de la maternelle au bac, n’a pas mis fin à la ségrégation sociale et aux énormes écarts de réussite scolaire. Face à cette situation, les hauts responsables de droite et de gauche ont alterné des mesures contradictoires, rendant aléatoire la perspective d’une démocratisation de l’École. D’autant que, depuis les années 2000, une partie croissante des hauts technocrates de l’Éducation nationale s’est ralliée à l’agenda néolibéral. Ils mobilisent dans ce cadre le numérique et les neurosciences, présentés comme sources de modernisation, pour accentuer en réalité la pression sur les enseignants, rogner leurs autonomies professionnelles et leurs pouvoirs d’action. C’est ce que démontre avec rigueur, dans cet essai remarquablement documenté, Philippe Champy, fin connaisseur du système scolaire. Il y analyse les origines de ce grand reformatage de l’École et, surtout, sa mise en œuvre par Jean-Michel Blanquer : les attaques contre la liberté pédagogique et les manuels scolaires, la mise sous tutelle du « numérique éducatif », les tentatives de marginalisation des auteurs et éditeurs scolaires, la prise de pouvoir larvée d’un pool de neurochercheurs prétendant dicter leurs méthodes pédagogiques aux enseignants, etc. Ce grand reformatage, qui maintient les privilèges élitaires en l’état, voire les renforce, s’accompagne d’une reprise en mains dirigiste et centralisatrice sans précédent. Il impose à tous les acteurs de l’École une prise de conscience et une réaction d’ampleur, face au risque avéré d’une nouvelle guerre scolaire.