Prix public : 15,00 €
C'est sur un grand dossier consacré aux guerres qui se déroulent aujourd'hui dans une quasi-indifférence que s'ouvre le vingt-troisième numéro de la Revue du Crieur. Il s'articule autour de cette question : pourquoi s'intéresse-t-on à certaines guerres et pas à d'autres ? L'invasion de l'Ukraine par les troupes de Vladimir Poutine a relancé cette interrogation au point de mettre en accusation les dirigeants, les médias et les opinions publiques des pays occidentaux. Pourquoi compter chaque jour les morts en Ukraine tandis qu'on ignore depuis des années les centaines de milliers de victimes du conflit au Yémen ? Pourquoi se mobiliser pour les Ukrainiens quand on délaisse depuis si longtemps les Palestiniens, victimes eux et elles aussi de l'expansionnisme armé de leur puissant voisin ? Pourquoi mesurer kilomètre par kilomètre l'évolution du front au Donbass alors qu'on ne sait pas placer sur une carte le conflit qui ensanglante les régions anglophones du Cameroun depuis plus de sept ans ? C'est à ces questions sensibles et cruciales que ce dossier entend s'attaquer. Poursuivant son travail dans le champ des enquêtes culturelles, la Revue du Crieur propose dans cette nouvelle livraison un portrait de Philippe Sollers, qui nous plonge dans les arcanes de l'édition française et décrypte les discours de celui qui revendiquait un personnage de libre penseur subversif ; mais également une réflexion sur les métiers de la traduction littéraire aujourd'hui en pleine évolution puisque à l'encontre du fameux adage " Traduire, c'est trahir ", les nouveaux traducteurs et nouvelles traductrices cherchent à s'approcher au plus près des intentions des écrivaines et des écrivains. Les lecteurs et lectrices liront également dans ce numéro une réflexion sur la notion de " polycrise ", omniprésente dans les médias pour décrire la crise majeure dans laquelle nous nous enfonçons mais dont on peut interroger la pertinence pour faire face aux défis du monde contemporain ; une enquête à la rencontre de paysannes, qui luttent pour exister dans un univers encore très masculin et inventent de nouvelles manières de faire de l'agriculture ; un papier édifiant sur le marketing des médicaments aux États-Unis, ou pourquoi les Américains sont-ils les plus grands consommateurs de médicaments vendus sur ordonnance dans le monde. Et enfin, deux articles reviennent sur les enjeux du militantisme : le premier est un portfolio qui documente l'autodéfense féministe, comme une série de mouvements vers l'émancipation ; le second est un grand entretien avec le chercheur et militant Joao Gabriel, qui revient sur la notion de " premiers concernés ", utilisées par nombre de militants pour contrer les effets des rapports de pouvoir asymétriques, mais dont il est aujourd'hui indispensable de pointer les limites.