Prix public : 18,00 €
Publié chez Plon en 1990 et épuisé depuis de longues années, WALTER BENJAMIN, SENTINELLE MESSIA- NIQUE est un ouvrage « pivot » dans la trajectoire politique et théorique de Daniel Bensaïd. Écrit juste après la chute du Mur, il témoigne d’une reconfiguration de sa conception de l’histoire, de la stratégie révolutionnaire, de son rapport au Progrès et aux luttes du passé. Marqué jusqu’alors par une vision avant-gardiste de la po- litique, Daniel Bensaïd entame avec cet ouvrage une relecture de l’histoire sur la longue durée, une histoire ouverte sur des possibles qui ne sont pas nécessairement inscrits dans les déterminations économiques et sociales. Mais il ne s’agissait pas pour autant de renier ses engagements communistes ; la question qu’il se pose dans ce livre est au contraire la suivante : comment continuer la lutte quand l’horizon révolutionnaire s’éloigne ? Pour tenter d’y répondre, il se tourne presque naturellement vers Benjamin, figure qui ne faisait alors pas partie de son « panthéon » théorique. Il y trouve bien des affinités avec celui qui a mis au centre de son élaboration critique marxiste le doute, le messianisme politique, le fragment – éléments qui marqueront ensuite tout le travail philosophique de Bensaïd –, mais aussi la réhabilitation des vaincus de l’histoire. Et de l’époque où Benjamin écrivait, la nôtre porte tristement les traces : la défaite des politiques d’émancipation, la glaciation fasciste et nazie, la perte d’une certaine croyance dans le progrès et la nécessité de la révolution... Voici ce que Daniel Bensaïd lui-même disait de son livre : « Walter Benjamin, sentinelle messianique semblait éloigné de Marx. Il s’agissait [...] d’un cheminement parallèle, pour mieux revenir à la question du commu- nisme, par le chemin buissonnier des hérésies, par le détour de la rationalité messianique, par le sentier escarpé d’une logique de l’événement. » Dès lors, les écrits de Daniel Bensaïd développeront plusieurs traits communs : la mémoire des luttes – et des défaites – du passé, l’intérêt pour les nouvelles formes d’anticapi- talisme, et la préoccupation pour les nouveaux problèmes qui se posent à la stratégie révolutionnaire. C’est enfin, face à l’interprétation dominante du philosophe allemand qui le campe dans les habits de l’esthète et du « critique », la défense d’un Benjamin éminemment politique et révolutionnaire. DANIEL BENSAÏD, professeur de philosophie à Paris 8 et cofondateur de la LCR, est décédé le 12 janvier 2010. Il a écrit de nombreux livres, traduits dans plusieurs langues.