Prix public : 19,00 €
L’urgence de libérer les mémoires du carcan de la dictature s’est exprimée en même temps que celle de documenter la révolution syrienne. Le monopole de la vérité, instauré par le régime des Assad depuis 1970, est ainsi brisé. Ce récit de seize années de prison d’un opposant syrien est un témoignage unique sur sa société et sur les transformations que la détention a opéré sur un jeune militant communiste. C’est l’histoire d’une longue et lente libération intérieure dans laquelle la lecture a joué un rôle central. Sous un régime despotique qui a envahi de ses symboles et de ses discours tous les recoins de la sphère publique, la mémoire avait été confisquée pour transformer la Syrie en une terre d’oubli. Toute forme de savoir sur la société syrienne est sévèrement contrôlée par un régime qui impose encore une censure paranoïaque sur les expressions critiques ou dissidentes. Dans ce retour sur l’expérience carcérale qui plonge parfois au plus intime, c’est aussi toute une culture politique syrienne, façonnée par la dictature, qui se révèle. L’évocation des relations entre détenus de différentes obédiences politiques et la relation du devenir contrasté des prisonniers après leur libération, dévoilent ainsi l’ordinaire d’une dictature et la force de résistance de ses victimes. La prison où l’auteur a vécu entre ses dix-neuf et ses trente-cinq ans l’avait transformé en écrivain et en observateur lucide de la société syrienne. Elle l’avait poussé à acquérir une culture autodidacte salvatrice. Ses expériences de la clandestinité et de l’exil, relatées dans deux textes inédits qui prolongent le récit initial, font entrevoir la difficulté de l’action politique pour Yassin Al Haj Saleh et les autres militants démocrates syriens. Leur lutte se livre sur plusieurs fronts, contre les barbaries assadienne et jihadiste, et contre l’oubli.