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Abordant les questions de l’écologie, de l’altermondialisme, du féminisme, de la consommation responsable, de l’aliénation sociale et économique ou de l’immigration, de nombreuses manifestations internationales sont consacrées à « l’activisme en arts ».<br/>Comment évaluer la capacité des champs artistiques (arts plastiques, littérature, performance, théâtre, musique, danse, vidéos, etc.) à fonctionner « en écho » à la protestation sociale et politique? Comment concilier le champ de l’art (l’art moderne tout particulièrement est défini comme un champ autonome, habituellement perçu comme sans fonctionnalité – autre que sa propre fonctionnalité) et le champ du politique et du social (généralement perçu comme la praxis de l’exercice des pouvoirs dans une société organisée)? L’activisme artistique ne remettrait-il pas en cause cette « inutilité » ontologique de l’art? Oscillant entre deux types « d’esthétisation du politique et du social », l’activisme artistique, selon Boris Groys, s’inscrirait soit dans une forme de bonification de la fonctionnalité du message et de l’action politique et ce afin de rendre ces derniers plus attractifs, soit, selon la tradition de la modernité artistique occidentale, dans la mise en avant de la dysfonction de l’action politique et de son discours, l’annulation de leur dimension pratique et efficiente. Cette dernière perspective esthétique semble avoir été adoptée par un grand nombre d’artistes activistes afin de dénoncer les dangers, les excès, les travers, les hypocrisies de telles ou telles actions politiques ou de tels ou tels principes idéologiques. <br/>Dans un contexte de mondialisation, l’activisme artistique hérite de ces deux traditions contradictoires de l’esthétisation de la fonctionnalité et de la dysfonctionalité, ce qui rend ses contenus artistiques autant que politiques souvent particulièrement ambigus.