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Dans le même mouvement, écrire sur le proche et le lointain, le presque rien et l’à-peu-près du tout. À partir du plus minuscule, du plus intime, s’élèverait l’espérance du plus vaste, du plus immense : un périple aux quatre coins de la terre, à dos de silence. Mais les nuages balaient si vite l’ombre de notre vie passagère. Qui n’est ni sombre ni lumineuse. Qui aurait à voir avec la merveilleuse infirmité de la lenteur. Qui devient ce que l’on en fait : une valse d’interstices, une flèche dans le néant, un creux dans l’essentiel, quelques bribes, pêle-mêle d’évidences secrètes, méli-mélo de failles d’éternité, que l’on recueille, que l’on accueille.C’est donc sur fond de souveraineté d’un impossible ailleurs que se détache cette prière athée, élégie profane qui signe l’œuvre d’un véritable poète. Dans ce récitatif mélancolique, Philippe Pichon affirme que la leçon de choses et la quête d’un Vrai lieu peuvent coexister : la poésie est l’endroit privilégié de cette conjonction – comme une source dans le désert, un opéra des lisières.Hommage à des poètes aimés, de René Char à Pierre Reverdy, de Jean Follain à André Frénaud, d’Yves Bonnefoy à Jacques Dupin, de Jean Grosjean à Christian Bobin, ces lettres d’or et de pourpre se déplient, comme les pages fanées d’une prose grêle qui ne vise qu’à s’effacer devant le bleu du jour naissant. Le recueil est dédié au poète-commissaire Lucien Becker (1911-1984).