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Dans la majeure partie du monde, la politique n’a pas le visage que nous lui connaissons en « Occident ». Dans les anciens pays colonisés, la « société civile » ne concerne qu’une petite partie de la population, celle que sa position sociale, son éducation et ses valeurs rendent capable et désireuse de participer au jeu démocratique tel qu’il a été défini par la « modernité » politique. Le reste de la population, son écrasante majorité, continue d’être d’abord pour l’État une population à administrer, à gérer, même lorsqu’elle bénéficie du droit de vote. Mais, à travers l’exemple de l’Inde, Partha Chatterjee montre que s’élaborent, au sein de cette population, et en réaction à la gestion gouvernementale, des formes politiques nouvelles, une « société politique » qui défie les catégories politiques traditionnelles. Pour la comprendre, pour ne pas la réduire à une « prépolitique », il nous faut reconnaître que nous sommes dans un temps hétérogène, fruit de la rencontre et de la composition des catégories de la modernité politique et, entre autres, de celles de la tradition ou de la religion. Dès lors, s’ouvre l’observation passionnante des luttes politiques qui se développent, souvent à la frontière de la légalité, pour faire reconnaître le droit des gouvernés à redéfinir les politiques qui les visent. L’exigence d’avoir à inventer les formes, forcément précaires et changeantes, d’une politique des gouvernés pourrait ne pas concerner que les populations anciennement colonisées, tant il est vrai que, depuis le 11 septembre au moins, comme l’analyse Partha Chatterjee, c’est l’ensemble des peuples du monde qui subit la gestion des États-Unis et leur vocation de nouvel empire mondial.