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Ballant officier du Génie, familier du monde turco-arabe, Boutin est à trois reprises l'agent secret que Napoléon envoie dans cet Orient auquel il ne cesse de penser depuis la campagne d'Egypte. Qualifiée de rêve parce que la conjoncture européenne l'a empêchée de s'accomplir, la politique orientale de l'Empereur n'est pas un songe embrumé qui court après une réalité inaccessible, mais au contraire une succession de choix politiques concrets que décrivent les archives du Quai d'Orsay. Drapé des voiles légers de l'imagination, le nouveau Charlemagne d'Occident se serait-il vu aussi en nouveau Constantin d'Orient ? Boutin part en 1807 à Constantinople pour contenir les visées russes et anglaises sur le Bosphore, en 1808 à Alger pour y étudier la possibilité d'un débarquement et d'un établissement définitif en Afrique du Nord, en 1811 pour l'Egypte et la Syrie en vue de reconnaître, de la Méditerranée à l'Euphrate et au golfe Persique, la fabuleuse route des Indes qu'il faut couper aux Anglais. La passion romantique, désespérée, que lui voue la belle Lady Stanhope, la Châtelaine du Liban, reine de Palmyre, ne peut arrêter le destin tragique de Boutin, moderne baron de Münchhausen. Vingt ans plus tard, en 1830, la Reconnaissance des forts et batteries d'Alger réalisée par Boutin guide pas à pas le succès du débarquement français et fait de lui le pionnier de l'Algérie française. La géopolitique défie le temps. Rempart contre l'expansionnisme russe, la Turquie aux racines asiatiques pose toujours son regard vers l'Europe, le Moyen-Orient demeure en perpétuel conflit, l'Algérie continue à interroger son destin. L'homme mystérieux que fut Boutin, parfois James Bond, plus souvent Lawrence d'Arabie, laisse une œuvre que ne dément pas la récente actualité dans un Orient compliqué où rien ne change, où rien ne s'oublie... Dans sa préface, Jean Tulard, le grand historien spécialiste de l'Empire, écrit notamment : La biographie qu'on va lire est donc rigoureuse tout en restant passionnante. Voici enfin mis en lumière un oublié de l'épopée impériale (...) Boulin méritait cette biographie.