Prix public : 90,00 €
Cette enquête vise à préciser l’hétérogénéité des « statuts de travail », tels que définis par J. Andreau, à travers le prisme des pratiques religieuses des gens de métier en Italie romaine. Centrée sur les cités du Vésuve et sur Ostie, l’étude de la topographie religieuse, à l’échelle des espaces de travail et à l’échelle du tissu urbain, permet d’analyser la manière dont les métiers dessinent le paysage d’une cité, révélant des modes d’habiter et de travailler disparates, ainsi qu’une implication variable des élites locales et des institutions dans la vie économique. D’une économie gérée par le paterfamilias à une économie hors norme, liée au ravitaillement de Rome, les structures socio-professionnelles sont métamorphosées, les pratiques religieuses aussi. Les parallèles qu’offrent l’épigraphie et quelques dossiers archéologiques bien documentés permettent d’élargir la comparaison, dans l’espace et dans le temps, à l’ensemble de la péninsule italique, mettant en lumière des traditions locales, à l’image de cadres socio-politiques mouvants. Cette enquête anthropologique interroge la manière dont les rites s’intègrent à l’environnement et à la pratique quotidienne du métier et finalement questionne ce qui, dans la cité, fait la force des liens communautaires : est-ce le noyau familial, la vie de quartier ou encore les activités au sein d’une association professionnelle ? De la tutelle divine aux patronages humains, la pietas des gens de métier exprime clairement la multiplicité des enjeux de la religion romaine, au coeur des pratiques sociales. Les artisans et les marchands cherchent certes à protéger leurs intérêts économiques, mais c’est aussi leur existence civique qui est en jeu : festivités cultuelles, aménagements religieux et actes de dévotion participent à une construction mémorielle des communautés de travail et des groupes professionnels. C’est dès lors sa position sur l’échelle des hiérarchies socio-professionnelles ou sa proximité avec les sphères du pouvoir que l’on peut revendiquer, qu’elle soit réelle ou fantasmée.