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Dans une veine inspirée des analyses de Marx et inspirée du Discours de la servitude volontaire de La Boétie, Jean-Paul Galibert poursuit la critique de ce qu’il a proposé de nommer « l’hypercapitalisme » (analyse initiée dans Suicide & Sacrifice, paru en 2012). Ce dernier, dont les différences avec le capitalisme « traditionnel » sont ici détaillées, constitue en effet une véritable « évolution ontologique » – au sens où l’exploitation qu’il opère réclame à présent la participation hyperactive de ses agents. Le terme de « chronophage » désigne ici aussi bien les objets de la chronophagie (appareils électroniques divers à écrans plats, publicité télévisuelle et sur Internet, économie dématérialisée), que ceux à qui leur commerce profite (notamment les grandes firmes de l’économie dite virtuelle). Le mode d’exploitation hypercapitalistique introduit un rapport renouvelé des individus à leur temps « disponible », le travail imaginaire de ces derniers venant s’ajouter à leur travail réel, sous l’espèce d’un temps de « loisir » revendiqué par eux et générateur de profits faramineux pour les chronophages. L’hyperrentabilité de ce capitalisme nouveau-genre s’établit dans une sphère presque entièrement dévolue à l’imaginaire, ou même à « l’imaginaire de l’imaginaire » ; il s’inscrit en outre sur le mode d’un échange fondamentalement irréciproque. Ainsi décrit, l’hypercapitalisme dévoile sa vacuité, le « rien » qui lui sert de fondement, et dont la présente crise mondiale fournit une illustration exemplaire. On comprend dès lors que la valorisation du capital, devenue purement imaginaire, indexée sur la seule anticipation de sa valeur à venir, n’ait cure de produire réellement quoi que ce soit. Quand l’imaginaire de l’imaginaire (et l’anticipation de sa valorisation future) conditionne la valeur boursière d’une société commerciale, il devient évident que les biens produits ne sont plus qu’un prétexte à toute valorisation, voire son simple déchet, de la même façon les emplois industriels qui en dépendent. Que la valeur d’une capitalisation boursière n’entretienne plus de rapport avec la qualité ni avec la quantité des biens produits se vérifie aujourd’hui aisément. Le capitalisme étant devenu purement « spéculaire », c’est même par la preuve donnée de sa capacité à détruire (des emplois, des biens… et même de l’argent) qu’une société commerciale génère de l’hyperprofit.