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Nature et enfance entrelacées comme une attention à ces êtres fragiles qu’on voit grandir auprès de soi sans oser les toucher (extraits de la Préface de William Marx)Grégoire Leprince-Ringuet a fait ce choix révolutionnaire d’une mystique de la forme. Composer aujourd’hui des alexandrins, des octosyllabes et des sonnets ne saurait avoir le même sens qu’autrefois. C’est un monde nouveau qui se met en branle sous les auspices de Baudelaire et de Valéry, dont le souvenir hante chaque rime, chaque détour de quintil : / Oui, en ce lieu ton absence me manque, / Génie couché au-dessus des calanques ; / Le vent qui rompt ton sépulcre idéel / Bientôt soulève un si poudreux rappel / Qu’il pique aux yeux les joueurs de pétanque. / Dans ce Tombeau de Paul Valéry, jamais Racine ni Valéry n’eussent accepté la rime calanques / pétanque. Leprince-Ringuet en a l’audace et l’humour, celle des jeunes gens en colère contre une poésie stéréotypée, en vers libres comme en réguliers. Le Tombeau de Paul Valéry voisine avec la Gloire de Rafael Nadal : renvoi de balle, set et match. Le rebond relève de l’art de l’intertextualité, pratiqué ici en virtuose. À l’heure de #MeToo, Eurydice prend la place du classique Orphée en un sonnet déchirant, l’un des plus beaux du recueil, où l’on ose déchiffrer l’expression d’une tragique condition féminine : / Je suis la vérité vivante à condition / Qu’un pur aveuglement seulement m’appréhende. / Voici le poète plein de Charmes, qui a choisi son camp, celui de la beauté apollinienne et de l’intelligence, convaincu à juste titre que le concept et la conceptualité ne sont pas étrangers à la poésie, ni même à l’émotion poétique, s’offrant ici à pleines brassées.