Prix public : 70,00 €
Cet ouvrage a pour objet l’étude de la «politique indigène » conduite par les autorités coloniales françaises et du «face-à-face » des Algériens du monde rural avec la colonisation dans la région de Annaba (Bône), de 1832, date de l’occupation militaire de la ville de Annaba par les Français, à la veille de la Première Guerre mondiale. Alors que la « mise en valeur » de la région est un succès incontestable du point de vue colonial, avec le développement de la colonisation agraire, la mise en exploitation des forêts et des gisements miniers et la création d’un réseau ferroviaire desservant un port moderne à Bône, la société rurale algérienne est profondément bousculée et transformée. L’opposition des tribus à l’occupation française a été forte et la prise de possession du territoire n’a été totale qu’au bout d’une quinzaine d’années. La résistance au système colonial se manifeste ensuite de manière diffuse et souvent désordonnée, mais ne cesse pas. Deux insurrections armées éclatent en 1852 et 1871. Mais, en même temps, les « chefs indigènes » (caïds, cheikhs et adjoints-indigènes) et les supplétifs algériens de l’armée française collaborent avec les autorités coloniales. La « politique indigène » des bureaux arabes militaires, paternaliste et autoritaire, mais d’une certaine manière protectrice, est abandonnée à partir de 1870, lors du passage à l’administration civile, qui se désintéresse largement du sort des Algériens. L’organisation tribale est profondément déstructurée par la création des douars-communes, par le discrédit des « chefs indigènes » et par la constitution progressive de la propriété individuelle. Les dépossessions foncières engendrées par la colonisation agraire et la limitation drastique des droits de pacage dans les forêts diminuent le potentiel agricole. À la veille de la Première Guerre mondiale, seule une petite minorité des Algériens de la région est entrée dans la modernité, tandis que, globalement, la société rurale, désintégrée dans ses structures sociales et politiques et affaiblie économiquement, a réagi aux difficultés qu’elle a rencontrées par un repli sur elle-même et s’est réfugiée dans la « tradition ».