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À entendre les discours aujourd’hui dominants, le monde serait désormais tout entier constitué de réseaux. Très bientôt, nous fait-on entendre, il sera devenu pleinement virtuel, connecté, transparent et horizontal. Seule ce qu’il est permis d’appeler une axiomatique des réseaux permettrait d’en rendre compte. Cette axiomatique traverse aussi bien les sciences sociales (avec Manuel Castells, Mark Granovetter ou Bruno Latour en figures de proue) que les discours militants apologétiques (Pierre Lévy, Michael Hardt, Toni Negri, Yann Moulier-Boutang, etc.) ou critiques (Zygmunt Bauman, Philippe Breton, Paul Virilio, etc.). En dépit de leur divergences, ces approches s’accordent à penser qu’est en train de naître, voire qu’est déjà née une très grande société-monde, virtuelle, dans laquelle les relations sociales immédiates, instantanées et à distance priment définitivement sur le face-à-face de la socialité primaire (famille, amis, voisinage) et sur les appareils de la socialité secondaire (État, marché). Est-ce bien le cas ? Comment arbitrer entre le prophétisme et le catastrophisme des réseaux ? Sauveront-ils ou détruisent-ils le monde ? Ce livre, qui présente une typologie systématique des discours du réseau, analyse leur genèse et leurs impensés éthiques et politiques, en interrogeant les possibles que la Très grande société monde réticulaire ouvre (ou ferme) au don, à la gratuité et à la démocratie.