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Pour faire face à une production d'écrits toujours croissante, les chancelleries et les services administratifs médiévaux et modernes ont pris l'habitude d'apposer sur leurs actes des notes destinées à faciliter et à contrôler le déroulement de leur travail. Qualifiées par les historiens de «mentions de chancellerie» ou de «mentions hors teneur», ces notes sont souvent discrètes, cantonnées aux marges des actes, voire cachées lors du scellage; très brèves, parfois sibyllines, elles peuvent de surcroît être cryptées. Autant de caractéristiques qui ont freiné leur étude, alors même qu'elles incarnent une technique scripturaire essentielle pour les chancelleries. En menant une analyse comparée à l'échelle de l'Occident, le présent ouvrage entend restituer leur rôle dans toute sa complexité. Sont ici examinées les modalités de leur utilisation par divers bureaux d'écriture, en particulier leur mise en forme textuelle et visuelle. Cet examen met en lumière de fréquentes imitations d'une chancellerie à l'autre, qui assurent le succès de cette technique auprès de multiples administrations à travers l'Europe. Cette étude de la diffusion des mentions s'accompagne enfin d'une réflexion sur leur réception par les destinataires des actes qui les portent: conduits à s'interroger sur le sens et l'utilité de ces notes, leurs lecteurs sont bien souvent contraints d'adopter les cadres de pensée des administrations émettrices, ce qui contribue à leur intégration dans les États de la fin du Moyen Âge et de la première modernité. Simultanément, ces mentions étayent l'efficacité des actes où elles sont apposées, contribuant ainsi à légitimer ces écrits et les autorités qui les ont produits. Pour toutes ces raisons, elles sont au cœur d'enjeux juridiques et politiques majeurs.