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On ne s'est pas contenté de dire qu'il s'imitait lui-même ; on l'accusa aussi de copier Baudelaire et Poë; avec plus de vérité, on pouvait dire simplement qu'il naquit après eux ; avec plus de justice on peut dire qu'il leur ressemblait. Frère cadet de ces aînés, il les aima jusqu'à la vénération, avec une sorte de gratitude, parce qu'en ces deux esprits, identiques au sien, il trouvait la consolation d'une ressemblance, et parce qu'en leur œuvre, parachevée avant la sienne, il pouvait, ainsi qu'en un miroir profond, mirer sa propre angoisse, sans se soumettre aux affres de la dire : en sorte qu'on l'accusa d'être eux, précisément parce qu'il était lui.
Ces lignes, signées Edmond Haraucourt, sont à la fois un hommage et une mise au point à l'égard de celui qu'on a longtemps considéré comme un original de mauvais goût : Maurice Rollinat (1846-1903).
Jalousé par les uns, hâtivement jugé sur quelques interprétations musicales par les autres, victime de sa naïveté et de certains choix malheureux, Rollinat est rapidement devenu pour beaucoup un « cabotin macabre », imitateur de Baudelaire et Poe. L'étiquette collera longtemps au poète. Un siècle après la sortie des Névroses (1883), elle est encore présente dans certaines études.
Cette nouvelle édition des Névroses, accompagnée de quelques lettres de l'auteur, n'est pas une énième réédition, elle est une invitation à lire, ou plutôt à relire, ce recueil, non pas tel qu'il a été présenté, mais tel qu'il a été conçu par le poète lui-même, avec ses qualités et ses défauts.