Prix public : 8,00 €
Dans ce livre, initialement paru en 1990 dans l’excellente collection « Brèves / littérature » dirigée par Michel Chaillou, Pierre Pachet s’attache à écrire l’histoire d’un genre littéraire peu étudié, dans la mesure où les écrits qui le constituent étaient à l’origine destinés à rester cachés, en marge de la grande littérature, et n’ont été progressivement publiés qu’après coup. Pierre Pachet, sans ignorer les précurseurs, chroniqueurs ou diaristes, ou, plus simplement des écrivains qui, de Montaigne à Rousseau et Fénelon, révèlent dans leurs écrits les mouvements d’un monde intérieur très personnel, s’attache néanmoins à limiter la définition du genre, à l’intérieur de la littérature française, à ce qu’il appelle le « journal intime moderne » : celui qui met en scène « une âme incertaine sur elle-même et sur ce que serait le salut ». Les écrivains qui s’y adonnent s’attachent « au retour dubitatif sur soi », à « l’examen de l’inconsistance de soi ». Deux chapitres sont consacrés aux avant-courriers, Samuel Pepys et Casanova, puis Lavater en Allemagne ; mais le genre semble prendre véritablement naissance avec la Révolution : Maine de Biran, Maurice de Guérin, Benjamin Constant, Stendhal, Amiel en sont les meilleurs représentants. Au terme de son étude (qui s’achève lorsque le journal intime devient un genre littéraire établi), Pierre Pachet s’interroge (comme il le fera dans L’Âme bridée) sur le besoin de préserver l’intime face à un État qui prétend contrôler jusqu’à la pensée des gouvernés. Est-ce un hasard si c’est sous la Terreur qu’est apparue cette pratique « d’une parole abritée, méditative, désireuse de se constituer en tribunal intérieur en récusant les jugements publics » ?