Prix public : 30,00 €
On s'intéresse de plus en plus aux objets comme à des êtres vivants, qui ont chacun une biographie. Rien de moins immobile qu'un objet : les objets migrateurs ont toujours existé, qu'il s'agisse d'hommes, de dieux, d'idées, de langues, de musiques, de cuisines ou de choses. Aujourd'hui où, particulièrement en Méditerranée, l'accueil de ceux qu'on nomme « migrants » est à l'ordre du jour, il s'agit de dédiaboliser l'idée de migration et de montrer comment les objets migrateurs servent à constituer cette civilisation que nous disons nôtre, à la diffuser et à la faire évoluer. L'une des originalités de l'exposition est de faire dialoguer l'antique et le contemporain, entre objets d'art les plus précieux et objets du quotidien. Ainsi, on découvrira côte à côte une coupe présentant Ulysse sur son radeau, fait de deux amphores, et un écoboat en bouteilles de plastique... Le propos est de faire l'inventaire des types de transformations dues aux migrations. On passe de l'unique - un objet-mémoire parfaitement singulier - au multiple avec le commerce et la diffusion, croisant le problème de la copie, du faux, de la contrefaçon, du réemploi - le crâne de L'Homme de Rio est-il un vrai faux, un faux vrai ? Qu'est-ce qu'une hybridation, un syncrétisme, un métissage ? Et une appropriation, une inspiration ? Les modalités de réinvestissement de l'objet remettent en travail les idées de centre et de périphérie, d'original et de copie, de même et d'autre. Se déploie enfin la question des objets à l'arrêt dans les musées - objets de curiosité, de science, d'art, objets patrimoniaux -, et celle, très actuelle, des objets restitués et des objets partagés.