Prix public : 15,00 €
K est un jeune homme ordinaire. Des parents chez qui il vit encore, une petite amie rencontrée à l’ombre d’une bibliothèque, un travail qu’il accomplit avec sérieux, des rêves parfois étranges, des peurs que nous avons tous et toutes.⨠Un quotidien assez banal en somme, jusqu’au jour où un étrange infirmier lui annonce en pleine rue qu’il est malade. Malade de quoi ? Il n’en saura rien. Mais à partir de ce moment, sa vie bascule. Sa réalité et ses perceptions ne se feront plus qu’à l’aune de cette supposée maladie grave et incurable qui infecte son rapport au monde et aux autres. Cette idée obsédante incarnée par cet infirmier qui le hante, l’entraîne dans une spirale cauchemardesque et paranoïaque jusqu’à la tragédie : le brutal accident -on dira ici accident, mais est-ce un crime ? - et cette étrange disparition. Ne restera plus que la voix de ses proches et leurs tentatives désespérées de faire sortir du silence les raisons de ces évènements, de cette violence inouïe. La pièce est un genre thriller théâtral qui pose la question de la normalité, supposée ou réelle. Elle questionne par ce biais la pathologie mentale, mais aussi ce que c'est d'accompagner quelqu'un qui est malade, comment parler avec cette personne, comment parler de cette personne. Comment on peut être dépassé, se sentir envahi. Comment on peut ne pas savoir. La pièce est construite, en partie, sous la forme de témoignages en adresse directe, qui alternent avec des moments où les personnages se replongent, au présent, dans l'histoire. Ce mode de témoignage permet d’opposer les points de vue, un même évènement sera compris et interprété différemment par chacun des protagonistes. Il permet au spectateur d’accéder à l’intimité des personnages, à mesure que la pièce avance les langues se délient et le public, d'abord un tribunal auquel s’adressent les personnages, se transformera en un confident. La question centrale de la pièce, à laquelle seront confrontés tour à tour chacun des personnages sera celle du déclencheur. Qu’est-ce qui a fait basculer K ? Tout au long de la pièce, chacun des personnages cherchera à déterminer sa part de responsabilité dans ce qui est arrivé. Nous souhaitons questionner la prise en charge collective de ces pathologies et l’incapacité de notre société contemporaine à faire face aux tragédies humaines qu’elles engendrent. La mise en scène de ce spectacle nous a permis, à la compagnie Je crois que je dormirai mieux, d'affirmer notre désir commun de créer des spectacles au croisement entre le théâtre, la performance et les arts visuels. On envisage la mise en scène comme un dialogue, une mise en tensions du texte avec des outils visuels ou chorégraphiques, nous permettant de représenter de manière plastique les enjeux et les thématiques qui agitent les personnages de nos histoires. (Cf: le dossier que nous envoyons en parallèle de cette candidature, qui détaille beaucoup l'aspect visuel du spectacle, ainsi que les extraits du spectacle). La mise en scène permet également de questionner notre rapport intime à ces troubles qui échappent souvent à notre compréhension. Quelles responsabilités collectives et individuelles sont mises en jeu ? Quelle parole pour à la fois dire la réalité d'actes qui échappent à la raison, se reconstruire et recréer du lien après une explosion de violence qui fragmente inévitablement nos expériences ? Le spectacle ne prétend pas dégager de vérité générale mais offrir un espace pour s'interroger ensemble sur notre capacité à connaître et à comprendre l'autre, à réagir face à la violence qui "étrangéifie" radicalement, à se ressaisir de la parole comme outil de création du réel et à se reconnecter au collectif pour guérir de notre isolement.