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Il est seul face à la mer. Il pontifie, il s’écoute, il se congratule. Serge est son propre public. Il campe dans la posture du philosophe revenu des Hommes. Autrefois, il était quelqu’un d’important. Mais la vie a passé, qui l’a dépouillé des attributs du pouvoir. À l’aube de la vieillesse et du déclin, il feint de croire que ce n’est pas lui qui a changé mais que c’est le monde qui ne marche plus droit. Misogyne, vaniteux, réactionnaire, Serge l’est par nature. Mais ce qui était la norme du temps de sa splendeur est devenu indéfendable de nos jours. Dans une société qui n’a rien résolu des problèmes qui la tourmentent et qui tente d’occulter cet échec par une hypocrisie de tous les instants, Serge apparaît comme un provocateur, tantôt pathétique, tantôt grandiose. Il y a une joie délicieuse à suivre cet irrécupérable dans ses outrances, qu’il piétine les conventions ou qu’il profane le politiquement correct par pur mauvais esprit. Il y a encore un plaisir coupable à voir ce dépositaire du ridicule masculin s’accabler aux yeux de tous, condamné d’avance par ses certitudes obsolètes, aveugle jusqu’au bout… Odieux mais drôle, antipathique mais attachant, Serge est plus complexe qu’il n’y paraît. Peut-être parce qu’il a déjà tout perdu. Peut-être parce Martiny et Petit-Roulet lui ont prêté cette ironie qui les caractérise. Peut-être parce que Serge nous dit qu’il a trouvé la meilleure façon d’ignorer que le monde nous échappe, que la vieillesse arrive et qu’elle nous condamne à décréter que les choses étaient mieux avant.