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Après le décès de sa mère à l'âge avancée de 101 ans, la narratrice revient sur les lieux de son enfance et nous dévoile progressivement le pesant « secret » qui a marqué à jamais son existence. Il y avait son père et « l'Autre » ; la narratrice a appris à l'âge de quatre ans qu'elle était la fille de l'Autre, elle a vécu avec une mère qui partageait son temps entre les deux hommes ; tout le monde - les intéressés, le village... - était au fait de cette situation, une situation qui était admise et tolérée, mais à une seule condition : ne jamais en parler. Ainsi, le secret n'en était pas vraiment un, et seule la loi du silence, imposée par la mère, permettait de sauvegarder les apparences et de maintenir la cohésion du foyer. <br /><br /> "Les tenir en respect" tente de faire le jour dans cet étrange arrangement où l'amour, la paternité, la honte, la réputation, la liberté deviennent des enjeux complexes qui, parce qu'ils ne font pas nécessairement bon ménage dans la France rurale des années 50, obligent chacun à « tenir sa place ». A tenir sa place mais aussi à « tenir en respect » l'autre, les ragots, les jugements. Grâce à une écriture paisible, délicate et scrupuleuse, où les sensations retrouvées, les souvenirs dépliés et les réflexions éprouvées se succèdent pour rendre au mieux la singularité de cette expérience aussi fondatrice que perturbante, Elisabeth Guimard fait de son témoignage une enquête intérieure qui rappelle par certains côtés le travail d'Annie Ernaux, et qui, parce qu'elle évite le pathos, nous entraîne sur une voie poétique <br /> qui est aussi une forme de salut par l'écriture.