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Les missions de la Croix-Rouge internationale et du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies se doublent depuis leurs débuts de l'action caritative d'associations confessionnelles, d'agences gouvernementales et, depuis les années 1970 et la famine au Biafra ou l'afflux des boat-people en mer de Chine, d'innombrables organisations non gouvernementales comme Médecins sans frontières, Handicap International ou Action contre la faim. Le personnel de ces ONG — médical ou logistique —, confronté à l'urgence, fait régulièrement la une des médias : les équipes de télévision aiment, face aux situations conflictuelles complexes qu'elles s'efforcent de rendre intelligibles, montrer que l'engagement humanitaire relève de l'altruisme pur. Totalement désintéressé, toujours efficace, apolitique, il viendrait atténuer les tragédies auxquelles la diplomatie mondiale ou les relations bilatérales ne peuvent plus remédier. Pour une part, cela est vrai. Mais n'existe-t-il pas également des effets pervers à cette action d'urgence ? Quand le chirurgien qui opérait, l'infirmière qui réhydratait ou le logisticien qui distribuait sacs de riz et couvertures sont partis, et les caméras avec eux, que reste-t-il de cette mobilisation souvent mondiale ? Y a-t-il une ambiguïté de l'engagement humanitaire, qui entacherait son caractère exemplaire par les désordres économiques, sociaux, voire sanitaires, qu'il peut aussi induire ? À quelles conditions, en somme, l'ingérence humanitaire resterait-elle vertueuse ?