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Novembre 1870, Conlie. Un jeune homme malingre, affublé d’un uniforme trop grand pour lui, se fait passer pour un soldat et pénètre dans le camp où l’armée de Bretagne et ses milliers de soldats croupissent dans la faim, le froid et les maladies. Tristan Corbière ne vient pas se battre, il vient pour dénoncer, avec sa plume de poète, la plus monstrueuse trahison qui soit. Dans une langue aussi chatoyante et piquante que celle de Corbière, Fabienne Juhel nous invite à la découverte captivante d’une page honteuse et méconnue de l’histoire de France. Extrait : « Pour l’instant, il te faut étudier le terrain, parler avec les soldats. Collecter leurs paroles, leurs mots, surtout ne pas les trahir – la trahison, les hommes n’en peuvent plus ! Tu voudrais, toi, le poète, que l’on sente la vermine grouiller entre les syllabes. Que l’on voie l’ergot de mort fleurir dans les bouches, la mâle-mort entre les dents. Tu voudrais des mots qu’ont de la gueule. Mots crus, vécus, poussés vent debout. Paroles de soldats dans leur trou de boue. Paroles d’indigènes bretons. Borborygmes de soudards d’une République qui ne leur fait pas confiance. »