Prix public : 60,00 €
À l’œuvre de Tony Guillois on peut appliquer, sans prétention aucune, la même phrase que celle prononcée par Kafka sur Picasso : « Dans le miroir déformé de l’art, la réalité apparaît indéformée. » La peinture ou la cendre qu’il projette sur la toile traduit en effet, le plus souvent, la manifestation de l’homme menacé. C’est pourquoi cet artiste bouscule constamment la forme en tordant les corps et monte ainsi de manière surprenante le son jusqu’au niveau du cri. Ce même cri qui retentit si fort pour devenir clameur et rejoindre ceux les plus fous et les plus admirables d’Antonin Artaud. Ce faisant sa tendance naturelle reste encore le monde chaotique de la zone sombre. Cet attrait pour le crépusculaire qui est la matrice d’éléments irrationnels condamne l’être au monde au solipsisme car placé devant la mort. En réalité son goût pour la grisaille et l’obscurité stimule sa création. C’est toujours le mythe de la vision nocturne qui perdure et inspire les poètes et tous les créateurs comme pour Beckett : « L’obscurité que je m’étais toujours acharné à refouler est en réalité mon meilleur… indestructible association jusqu’au dernier soupir de la tempête et de la nuit avec la lumière de l’entendement. » (Christian Schmitt)