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Si la mort, dans la sphère publique, est l’objet d’un dévoilement total à travers le voyeurisme malsain des médias, elle reste un tabou réel dans la sphère intime. Le dernier sommeil, la Faucheuse, la Camarde, la Parque, peu importe le nom – je lui préfère le grand sommeil –, entretient toujours, pour la plupart des humains, son mystère et on évite soigneusement de trop la malmener pour soi. L’inexplicable fait peur, le non résolu implique par définition une part hypothétique d’espérance – d’intensité variable suivant que l’on ait en soi ou non la croyance –, que chacun veut conserver, au cas où cet imprévisible aurait un visage autre que celui du néant. Et puis, il y a ceux qui comme moi, n’ont ni Dieu ni montre, et l’affrontent avec les mots et avec la vie, car il est dit que la peur de la mort, si elle peut être lénifiante pour les esprits craintifs, peut aussi être un formidable déclencheur de création pour ceux qui en ont une conscience aiguë et vivent dès lors leur lutte contre la montre en essayant de donner du sens au passage. La vie est plus ou moins courte suivant la finalité qu’on lui accorde. Et la poésie, la mise à nu de l’indicible par les mots est pour moi l’une des thérapies les plus recevables, en tout cas la plus esthétique, pour affronter et tenter d’exorciser sa peur. (JF)