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Le mot effacement m’a personnellement toujours intrigué. Il n’a pas l’évidence, la radicalité de synonymes supposés comme « disparition » ou « destruction », mais quelque chose de feutré, de discret à l’image du frottement de la gomme sur le papier, du battement d’ailes qui s’éloigne. Tout en retenue, il se situe à l’opposé de l’excès et de l’exubérance ─ la double consonne f contribue sans doute à cette impression de fluidité, et qu’elle soit qualifiée de sourde par les linguistes ajoute à son mystère. Enfin, le mot peut caractériser une action en cours d’accomplissement, comme un souvenir qui glisse lentement dans l’oubli… Aussi ai-je tenté, à travers quinze nouvelles, de décliner ses différents sens ─ ou plutôt d’exprimer ce qu’ils me suggèrent. Des silhouettes blafardes y évoluent : un personnage est si peu affirmé qu’il frôle l’inexistence sociale. Un autre veut se débarrasser des masques qui, selon lui, oblitèrent la vérité de l’être. Un troisième va plus loin et se lance à la recherche d’un pays effacé de la carte… Bref, nous découvrons divers caractères à la fois décalés et profondément semblables à nous-mêmes, diverses situations où, en voie d’effacement, nous n’existons plus guère dans le regard d’autrui… ou le nôtre ! L’humour voudrait en tempérer la gravité.