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Bastiat, brillant économiste français du 19e siècle, a théorisé au fil de ses ouvrages la spoliation de l’État, dénonçant avec brio les travers de l’action étatique et de ceux qui la dirigent.Par David Hart . Si Frédéric Bastiat l’avait rédigée, son Histoire de la spoliation se serait rangée sans peine parmi les plus grands ouvrages libertariens jamais écrits, aux côtés de l’Histoire de la Liberté de Lord Acton et du troisième volume de la Perspective autrichienne sur l’histoire de la pensée économique de Murray Rothbard. Si, de fait, il avait atteint un âge respectable plutôt que de mourir à 49 ans d’un cancer de la gorge, il aurait sans doute achevé sa grande œuvre, Harmonies économiques, une véritable histoire de la spoliation. Il faut noter que Marx publia le premier volume de son magnum opus, Das Kapital (1867), alors qu’il était âgé de 49 ans, mais qu’il vécut 16 ans de plus que Bastiat. En mettant à profit ce laps de temps, qui sait si Bastiat n’aurait pas réalisé son prodigieux potentiel en tant que théoricien de l’économie et historien, se hissant dès lors à la stature d’un Karl Marx du libéralisme classique. Durant les six brèves années où Bastiat fut actif en tant qu’écrivain et homme politique (1844-1850), il produisit pas moins de six grands volumes composés de correspondances, de pamphlets, d’articles, de livres, que le Liberty Fund s’emploie d’ailleurs actuellement à traduire sous le titre Collected Works of Frédéric Bastiat (2011-2015). Ce qui émerge d’un examen chronologique de ses écrits, c’est sa compréhension graduelle que l’État (écrit le plus souvent L’ÉTAT) se résume à une vaste machinerie conçue délibérément dans le but de s’emparer de la propriété de certaines personnes, sans leur consentement, afin de la transférer à d’autres. L’autre mot qui revient sous sa plume avec une fréquence croissante durant cette période, toujours pour décrire l’action de l’État, c’est celui de spoliation. On retrouve aussi « parasite », « viol », « vol » et bien sûr « pillage », termes également sans ambages. Dans ses textes éparpillés traitant de l’État et remontant à la période précédant la Révolution de 1848, il identifie les groupes particuliers qui, lors de différentes périodes historiques, accédèrent à la puissance étatique afin de spolier les gens ordinaires. Il cite les guerriers, les esclavagistes, l’Église catholique, ainsi que les tout récents monopolistes industriels et commerciaux. Chacun de ces groupes, leur méthode spécifique d’utilisation du pouvoir étatique afin de tirer profit de l’exploitation de leurs contemporains, devait hériter de sa propre section au sein de l’Histoire de la spoliation. Si on lui avait demandé sa définition de l’État avant les journées de 1848, il aurait sans doute répondu : « l’État est le mécanisme par lequel un petit groupe de privilégiés vit aux dépens de tous les autres ».